Ausone
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Ausone
(310-395)
Au sujet de Toulouse : Jamais je n'omettrai Toulouse, ma nourrice, que
des murailles en briques entourent d'une vaste enceinte, dont le côté
est baigné par le beau fleuve de la Garonne, qui est habitée par une
innombrable population et voisine des neigeuses Pyrénées et des pinèdes
cévenoles, entre la nation d'Aquitaine et l'Espagne.
Quoiqu'elle vienne de faire sortir d'elle quatre villes, elle n'est pas
amondrie par ce départ d'hommes et toutes les colonies nées d'elle
sont embrassées dans son sein.
Au sujet de Vitellius : Comme
ta vie, ta mort fut honteuse, Vitellius : tu ne méritais pas le rang des
Césars; mais tels sont les caprices du sort. Cependant, ton règne passa
comme une ombre; car souvent un homme indigne atteint aux honneurs de
l'empire, mais celui-la seul les conserve, qui en est digne.
Au sujet d'Emilius Magnus
Arborius : Je t'ai pleuré déjà, ô mon oncle, au nombre de mes
parents; je vais te célébrer, à présent, au nombre des rhéteurs.
C'était une pieuse tendresse qui m'inspirait alors, c'est le saint amour
de la patrie qui me dicte aujourd'hui cet hommage à la gloire de ces
hommes vénérables. Honorons donc d'un double culte, et à double titre,
comme il le mérite, mon parent Arborius. Il eut Arborius pour père, et
pour aïeul Argicius. Ton père était d'origine Eduenne; ta mère, la
Maure, était née chez les Tarbelles : tous deux d'un sang illustre. Une
épouse riche et de noble famille, une chaire, et l'amitié des grands que
tu cultivais déjà, firent d'heureux jours à ta jeunesse, au temps où
la puissante Tolosa retenait relégués dans une espèce d'exil les
frères de Constantin. Ta renommé poussa encore jusqu'aux remparts de
Byzance, jusqu'en cette cité de la Propontide de Thrace, jusqu'à
Constantinople. C'est là qu'au sein de l'opulence, et après avoir eu la
gloire d'instruire un César, tu mourus, ô Magnus (...)
Au sujet d'Exuperius : Je
dois rappeler, Exuperius, ton éloquence sans apprêt, ta démarche
imposante, ta parole majestueuse, ton beau visage, la convenance parfaite,
en un mot, de tes gestes et de ton maintien. Tes discours étaient
admirables de verve et d'abondance : à les entendre, ces souffles sonores
plaisaient à l'oreille; mais, à la lecture, ils ne présentaient rien de
solide dans les idées. La toge de Tolosa la Palladienne te prit en
vénération d'abord et te chassa ensuite avec la même légèreté (...)
Au sujet de Sedatus : Je me
reprocherais, Sedatus, de te passer sous silence, quoique tu aies exercé
hors de nos murs les fonctions de l'enseignement. La même patrie tous
deux nous a vus naître : les hasards d'une destinée puissante t'on
donné une chaire à Tolosa, puis une femme, des enfants, une vieillesse
opulente, et une réputation digne en tout d'un grand rhéteur. Cependant
ta patrie te redemande à cette ville étrangère, et réclame son enfant
qui n'est plus.
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Jules Michelet |
Michelet
(1798-1874)
Au sujet
de Caepio : Les
gaulois tectosages de Tolosa, unis aux cimbres
par une origine commune, les appelaient contre les
romains
dont ils avaient secoué le joug. La marche
des
cimbres fut trop lente. Le consul C Servilius
Cépion
pénétra dans la ville et la saccagea. L' or et
l'
argent rapporté jadis par les tectosages du
pillage
de Delphes, celui des mines des Pyrénées,
celui
que la piété des gaulois clouait dans un temple
de
la ville, ou jetait dans un lac voisin, avaient
fait
de Tolosa la plus riche ville des Gaules.
Cépion
en tira, dit-on, cent dix mille livres pesant
d'
or et quinze cent mille d' argent. Il dirigea ce
trésor
sur Marseille, et le fit enlever sur la
route
par des gens à lui qui massacrèrent l' escorte.
Ce
brigandage ne profita pas. Tous ceux qui
avaient
touché cette proie funeste finirent
misérablement
; et quand on voulait désigner un
homme
dévoué
à une fatalité implacable, on disait : il a de
l'
or de Tolosa.
D'
abord Cépion, jaloux d' un collègue inférieur par
la naissance, veut camper et combattre séparément.
Il
insulte les députés que les barbares envoyaient à
l'
autre consul. Ceux-ci bouillants de fureur dévouent
solennellement
aux dieux tout ce qui tombera entre
leurs
mains. De quatre-vingt mille soldats, de
quarante
mille esclaves ou valets d' armée, il
n'
échappa, dit-on, que dix hommes. Cépion fut des
dix.
Histoire
romaine. La République
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Posidonios
d'Apamée
(135-50)
Au sujet de Toulouse
: Après avoir remarqué la position de Toulouse dans une plaine
fertile et cultivée, aux productions abondantes et variées, parmi
lesquelles dominent les céréales, Posidonios précise qu'elle se
livrait à un important commerce de transit, grâce à sa position au
point le plus étroit de l'isthme qui forme ici le seuil des deux mers.
« ...le temple de Delphes à l 'époque
(où il avait été pris par les Gaulois) ne contenait plus de semblables richesses ayant été pillé par
les Phodiciens (...). Mais comme la contrée est très riche en mines d'or et que les habitants sont à la fois
très superstitieux et très modestes dans leur manière de vivre, il s'y était formé sur certains points des
trésors (...). Le temple de Tolosa vénéré comme il était de toutes les populations à la ronde leur offrait
aussi un asile inviolable, et naturellement les richesses s'y étaient accumulées, la piété multipliant ses
offrandes en même temps que la superstition empêchait d'y porter la main. ».
Rapporté par Srabon, Géographie
IV, 1, 13-14
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Rutilius Claudius Namatianus
( IVe-Ve
siècle)
Issu d'une riche famille toulousaine de propriétaires terriens,
cité dans laquelle où il passe son enfance, Rutilius Claudius Namatianus suit son père nommé
gouverneur de Toscane et d'Ombrie.
De culture classique, il est nommé Préfet de Rome en 414 après avoir été Comes sacrarum largitionum et Quaestor sacri Palatii. Comme le montrent les allusions à ses amis, dans son poème, il fait partie d'un milieu de hauts fonctionnaires lettrés.
Au faîte de sa carrière, vers la fin d'octobre 417, il décide de revenir en Narbonnaise, pour prendre connaissance de l’étendue des dévastations perpétrées par les Wisigoths dans son domaine, vraisemblablement vers Toulouse. Rome avait été précédemment saccagée par les Wisigoths en 410.
Dans son poème qui commence par l’éloge de Rome : « Est-ce trop que de vénérer Rome toute la vie ? », il médite sur son déclin irrémédiable et c’est à contre-cœur qu’il s’éloigne de la Ville. « Tu as fait une seule patrie de peuples différents, ta conquête a servi à qui vivait sans loi : offrant aux vaincus l’union dans son droit rendant unique l’Urbs divisée » écrit-il avec nostalgie.
Rutilius décrit chaque étape et les lieux qu’il visite. Son récit est un précieux témoignage du paysage et des villages de la côte du Latium et de la Toscane de l’Antiquité tardive. « Les villes aussi peuvent mourir », écrit-il en passant devant l’antique Populonia, dont ne subsistent plus que les ruines de ce qui fut le plus grand port de l’Étrurie.
À l’automne, période limite de la fermeture de la navigation saisonnière en méditerranée, il s’embarque à Ostie le 14 novembre 415, la via Aurelia lui semblant peu sûre par la présence des Goths qui ont détruit les ponts, rendant la route côtière difficilement praticable. Sous forme de poème, De reditu suo (Mon retour), il écrit le récit de son voyage par mer qu’il effectue en huit étapes sur environ deux semaines, suivant la route maritime suggérée par l’Itinerarium Maritimum, sorte de guide de la navigation en Méditerranée. Marseille est la destination probable de ce voyage maritime, dont le récit est interrompu à Luni (Carrare) aux premiers jours de décembre. Le reste est perdu.
Préfet de Rome et Toulousain, il écrit un long poème après son
retour à Toulouse, à la gloire de l'Empire et de sa ville natale. Il
s'embarque le 16 octobre 417 de Porto d'Italie et écrit ce poème à la
fin de l'année. Il revient à Toulouse après les saccages des
Wisigoths de 413 et avant l'accord entre Honorius et Alaric de 418.
"Né Gaulois, les champs
paternels me redemandent : pays autrefois si beau, si fertile,
aujourd'hui défiguré par les ravages de la guerre et par là, plus
digne de pitié. Quand la patrie est tranquille, la négliger est chose
pardonnable, mais dans les malheurs, elle a droit à tout notre
dévouement. ce n'est pas loin qu'il faut plaindre sa patrie : avertis
de ses périls, nous devons les partager. il ne m'est plus permis
d'ignorer des malheurs qui se sont multipliés faute de secours. Il est
temps de réparer les ruines de nos campagnes; de rebâtir au moins les
cabanes de nos bergers. Hélas ! Les fontaines, si elles parlaient, les
arbres mêmes m'eussent reproché ma lenteur. tout enfin m'appelait dans
ma patrie. Elle a vaincu. J'ai sacrifié les plaisirs de Rome, et je me
suis repenti d'avoir tardé si longtemps".
De Reditu suo (Itinéraire)
Automne 417
Texte
en latin

Il écrivit aussi ceci au sujet de
Rome, en faisant l'éloge de la ville éternelle : "Ecoute, reine
magnifique du monde, Rome, qui a pris place parmi les divinités du
ciel, écoute, toi la mère des hommes et la mère des dieux, tu as
fondu les nations les plus diverses en une seule patrie, tu as offert
aux peuples vaincus le partage de ta civilisation et tu as fait une
cité de ce qui était l'univers."
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Suétone
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Suétone
(69-125)
Au
sujet de Vitellius et de Marcus Antonius Primus : Il périt avec son
frère et son fils dans la cinquante-septième année de son âge,
justifiant la prédiction qu'on lui avait faite à Vienne à propos du
prodige que nous avons rapporté, qu'il tomberait entre les mains d'un
Gaulois. En effet, il fut vaincu par Antonius Primus, chef du parti
adverse, qui était né à Toulouse, et qui, dans son enfance, était
surnommé Beccus, ce qui signifie "bec de coq".
Suétone, Vitellius, 18
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